Artisanat

L'ARTISANAT AU BENIN

L'artisanat béninois s'exprime à travers la sculpture sur bois, la vannerie, la poterie, le tissage…

La Sculpture sur bois : Le travail du bois est l'œuvre des "Atinkpato " (Tailleurs de bois) ; il n'était exclusivement pas réservé aux sculpteurs professionnels, mais tout homme pouvait la pratiquer. La sculpture sur bois avait souvent une destination religieuse : . " botchio " ou statuettes protectrices, des pièces de divination, des statuettes de jumeaux , des masques Guèlèdè… ; mais elle produit aussi des objets décoratifs.
Les trônes, les portes sculptées sont réalisées à partir de cette forme d'art.



 



La Vannerie : Elle est partout présente ; elle offre un large éventail de produits indissociables du quotidien béninois : nattes, paniers, couffins, greniers. Elle fournit des ustensiles agricoles et domestiques. L'art de la vannerie est indifféremment pratiqué par les hommes et les femmes.



 


La Poterie : L'usage de la terre cuite apparaît dans toutes les régions du pays. La technique artisanale la plus développée et encore vivante dans les villages béninois est celle de la poterie. Elle fournit à la fois des objets utilitaires, des objets rituels et des objets de décoration.


 


Le Tissage : La tradition du tissage est bien installée au Bénin malgré l'introduction tardive du coton dans le pays.
Le tissage au Bénin n'et pas une activité exclusivement masculine aucune discrimination n'est faite quant au sexe dans la pratique de cet art.
Deux sortes de métiers à tisser sont utilisées au Bénin, mais le plus souvent, les hommes utilisent le métier horizontal soudanais.



 


La Forge : Les objets de forge les plus connus du Bénin sont les statuettes de cuivre d'Abomey. Elles sont exécutées par la technique dite à " cire-perdue ". Le modèle est fait en cire ; il est ensuite entouré d'un moule d'argile, dans lequel une petite ouverture est laissée. Le moule une fois sèchés, on fait fondre le cire et le modèle se retrouve ainsi en creux à l'intérieur du moule. Le cuivre, en réalité du laiton fondu dans un creuset est coulé dans le moule. Après refroidissement, le moule est brisé. Cette technique se retrouve en de nombreux point de l'Afrique occidentale. Son introduction dans le royaume du Danxomè se situe à une période non encore élucidée.
Une autre technique utilisée par les forgerons de la cour des rois d'Abomey est le travail de fer forgé : les forgerons fabriquent des statues en fer ; ce sont des statues creuses formées de plaques fixées par les rivets ou par insertion dans une rainure.



 




                                                     
                           Les Toiles appliquées ou tentures

Le royaume du Danhomè est célèbre pour ses toiles appliquées.
Créées à la cour, elles furent surtout consacrées, du XVIIIème au XIXème siècle, à la célébration des noms forts et des hauts faits des monarques fon. Elles ont atteint une élaboration artistique suffisamment grande pour être souvent offertes aux nations étrangères avec lesquelles le royaume entretenait des relations. Elles ont servi dans la célébration de l'amitié lors des funérailles. Depuis la conquête du royaume par les français en 1894, la toile appliquée a été consacrée à l'évocation de thèmes plus variés, ceux de la vie quotidienne. Elles sont aussi la source d'inspiration de nombreux créateurs contemporains.


La Technique :
L'applique est la technique fondamentale de la toile appliquée.
Dans le cas d'espèce, elle consiste à coudre une toile sur une autre. Pour les artistes, des principes visuels entrent en jeu. La dénomination de "nu ta do nu mè" (éclairage d'une chose par une autre) qu'ils donnent à l'applique permet de les comprendre : ils éclairent un fond de toile par d'autres, de couleurs différentes. A l'instar de la photographie où le "positif" révèle le "négatif", les coupures de couleurs dispersées sur un fond, le révèlent et vice versa. Le mot fon implique aussi la "dispersion" des motifs sur la surface de la toile. Au XIXème siècle, le noir et le blanc étaient les fonds préférés. En examinant les pièces les plus anciennes on se rend compte que les créateurs ont composé les toiles, évitant d'y laisser des vides.
Plusieurs étapes mènent à la confection de la toile appliquée ; on découpe la forme des sujets puis on les dispose sur un fond en les maintenant par un faufil ; cette souplesse permet de modifier la place des motifs. Lorsque l'artiste est satisfait de sa composition il fixe définitivement les motifs par l'ourlet après en avoir fait replier légèrement le rebord. L'artiste prend aussi grand soin du bord extérieur de la toile de fond dont les limites sont traitées comme un cadre de peinture.



La Toile Appliquée dans l'histoire :
1- Au service des Rois :
L'usage le plus courant de la toile appliquée a été la transcription des "noms forts" des rois et la représentation de leurs faits d'arme.Le nom fort est celui que le roi se donne lors de son accession au trône. Ce nom peut évoquer un fait curieux de la nature, une divinité ou un fait historique. Il peut rappeler les intrigues que le prétendant au trône a dû déjouer pour y accéder.Pour le retranscrire artistiquement l'artiste peut utiliser une série de signes dessinés ou pictogrammes dont la combinaison permet de retrouver le nom, un peu comme c'est le cas pour les hiéroglyphes en Egypte. Houégbadja par exemple peut se décomposer en houé (poisson) gbe (refus) aja (nasse). Le nom tout entier signifie que le poisson qui est sorti d'une nasse n'y retourne pas. Il se transcrira par un poisson en face d'une nasse. Ce mode de transcription fait penser au rébus. Les autres modes de transcription du nom fort renvoient à des allégories des rois s'identifiant par exemple à des animaux sauvages ou plus rarement domestiques dont la force ou la sagesse ont toujours impressionné l'homme : buffle, lion, éléphant, cheval, baleine, oiseau cardinal ou caméléon par exemple. Dans ces cas, le pictogramme de l'animal suffit.La toile appliquée créée pour célébrer le roi du Danhomè doit être complète. On doit y retrouver, parce que les rois du Danhomè furent de grands guerriers, l'arme qu'ils ont inventée ou introduite dans le royaume et quelques-unes des guerres qu'ils ont livrées, faisant de nombreux esclaves et des victimes. La grandeur d'une toile appliquée de cette nature est proportionnelle à la longueur du règne. Privilège de la cour, en dehors de la transcription des noms forts, l'applique a été utilisée pour la confection des bannières de corps d'armées ; elle a permis la distinction des grades militaires et la reconnaissance des différents dignitaires de la cour en posant sur leurs vêtements des disques circulaires ayant en leur centre le sceau caractéristique de leur fonction. Mais l'applique a aussi été utilisée en dehors de la cour royale, dans les lieux de culte par exemple et lors des funérailles.
2 - Au service du peuple : La toile appliquée a été utilisée par le peuple fon pour célébrer l'amitié. La coutume veut en effet que lors du décès d'un ami, ses compagnons d'âge commandent une toile appliquée pour dire au public le mérite et les qualités du disparu. La correspondance du son et de la forme est souvent à la base de ces messages codés dont le sens nous échappe aujourd'hui.

3 - Dans l'histoire nationale :
Comme tout art, l'applique sur toile a subi les contrecoups de l'histoire. Créée par les rois pour leur service, conçue par des familles entretenues par un véritable mécénat, la disparition de la royauté aurait dû entraîner aussi la sienne. II n'en fut rien. Pour atténuer le souvenir des rois dans la mémoire collective des Fon, les colons ont proposé de nouveaux thèmes ; les artistes se sont alors tournés vers les scènes de la vie quotidienne, l'agriculture et la chasse par exemple. Mais le souvenir des rois, leur empreinte sur la culture locale était si forts que leurs pictogrammes ont survécu, retranscrits non plus sur de grandes toiles qui racontent toute l'histoire de chaque règne mais sur des bandes allongées ou rectangulaires, où ils s'accumulent ; on leur a donné le nom de "gan djègui" ou "rois en grand nombre". II s'agit probablement là d'une forme de résistance ; la toile appliquée en est devenue plus facile à transporter tout en continuant de perpétuer le message de puissance et de grandeur contenu et véhiculé par les noms forts et leur représentation visuelle.La toile appliquée est encore vivace aujourd'hui dans la partie méridionale de la République du Bénin en général et dans la région d'Abomey en particulier. Les descendants des familles d'artistes de cour du XIXème siècle, les Yèmadjè et les familles qui leurs sont alliées, en perpétuent la tradition. Ils ont même migré à Ouidah, ville célèbre pour la traite des esclaves devenue depuis le début du XXème siècle un centre secondaire des arts de cour ; il s'est en effet maintenu à Ouidah jusqu'à ces dernières années une tradition de plus grande pureté respectant les couleurs traditionnellement reçues dans le genre. Dans les ateliers d'Abomey et partout ailleurs au Benin , on continue à répéter les formes anciennes liées aux pictogrammes royaux. Mais on y innove aussi en permanence sur les mêmes thèmes. La demande des touristes a poussé dans des directions nouvelles : la nature, les animaux différents de ceux retenus par la titulature royale font partie des nouveaux thèmes de la toile appliquée. Depuis le Festival des Cultures Vodoun qui s'est tenu à Ouidah en 1993, les tissus multicolores ou Wax hollandais ont été intégrés aux créations nouvelles. La toile appliquée qui consacrait autrefois le plan s'aventure maintenant dans la troisième dimension par le volume. Les nouvelles toiles "vodun" se caractérisent par l'adjonction de bracelets, de canes et chaînes aux portraits des initiés du vodun que l'on représente. De nouveaux ateliers se sont mis en place où les jeunes créateurs sont plus attentifs à la couleur mais aussi à la symbolique vodun de façon transculturelle : les symboles et signes du vodun haïtien font désormais partie du monde exploré par les créateurs béninois. Diverses expériences ont consacré le potentiel de créativité du genre comme celle de la traduction des fables de La Fontaine en images locales.
Pour que le touriste puisse s'approvisionner rapidement, des points de vente existent dans la plupart des grandes villes. Certains reposent sur de véritables coopératives où la tâche est répartie entre le maître d'atelier qui se sert désormais de patrons pour découper les formes, les femmes qui assurent le faufilage, les apprentis qui achèvent la fixation et les intermédiaires qui acheminent le produit fini vers les clients urbains.

                             Le recyclage des sacs en plastique

              Il s'agit là d'un truc unique au Bénin (dans le monde ?) et vraiment très très chouette. Nous avons découvert une petite association de femmes à Porto-Novo, qui travaille sur deux thèmes essentiels : les droits de la femme d'une part, et la protection de l'environnement d'autre part. Après s'être consacrées au théâtre social (sensibilisation et prévention) et au reboisement, ces femmes ont eu une idée de génie. Les sacs en plastique sont une vraie plaie au Bénin : les gens les jettent partout, il en traîne plein les rues, et c'est dégoûtant, ça pollue vraiment tous les paysages (surtout urbains, il faut bien le dire). La fondatrice de l'association (j'ai oublié son nom) a eu l'idée de ramasser ces sacs et de les recycler.Les femmes font donc des expéditions pour récupérer tous les sachets plastiques qui traînent en ville. Armées de gants en caoutchouc, elles les lavent et les désinfectent à l'eau de javel. Ensuite, elles les trient : les utilisables et les autres. Ceux qui ne sont pas trop abîmés sont découpés en fines lanières et tricotés. Les autres servent de rembourrage. Ainsi, elles tricotent (au crochet essentiellement) des vêtements, des sacs, des poupées, des sets de table etc. Franchement, le résultat est vraiment réussi ! Pour le moment, elles sont en recherche de débouchés, parce qu'elles produisent beaucoup plus que ce qu'elles peuvent vendre. Elles ont déjà eu une commande de sacs à main aux Pays-Bas, et elles vendent à ceux qui viennent au siège de l'association, mais cela ne suffit pas forcément à les faire connaître. Alors, si vous êtes intéressés, on peut vous donner les coordonnées. En attendant, voilà le résultat de leur travail (petit extrait...) :
    

                                         

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