mardi 30 août 2016

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vendredi 19 août 2016

mardi 12 juillet 2016

Origine des familles Yoruba de Porto-Novo

Reconnaissance et de détermination de l'origine des principales familles Yoruba de Porto-Novo à partir de leur "Oriki".

Qu'est-ce qu'un "Oriki"? Un "Oriki" ou "Oki" (forme contractée du même mot) constitue une série de phrases adressées sous forme de salutations à un individu. L' "Oriki" se rattache essentiellement à un ancêtre mythique commun duquel est issu unilinéairement un groupe de personnes. L' "Oriki" apparaît donc comme l'attribut d'un "clan primaire".

On est logiquement tenté de penser que les tatouages, marques faciales peuvent, à l'exemple des "Oriki" constituer un critère invariable permettant de déterminer l'origine familiale ou clanique réelle des personnes qui les portent ; ainsi, on pourrait être amené à attribuer un même "Oriki" aux individus portant les mêmes marques 'faciales. Une telle démarche est parfaitement erronée. En effet, il découle de l'enquête que nous avons menée à ce sujet que l'application des tatouages chez les Yorubas n'obéit pas à des règles strictement définies ; logiquement d'après l'organisation patrilinéaire qui caractérise l'ethnie Yoruba, les descendants d'un même individu doivent porter les marques faciales de leur ancêtre commun. Mais, il n'en est pas ainsi, pour plusieurs raisons. En effet, à la naissance d'un enfant, il est de coutume que les parents consultent le "lfa" pour connaître l'ancêtre (personne disparue ou encore en vie) qu'incarne le nouveau venu.

L'enfant portera donc les marques faciales de cet ancêtre quand bien même ce dernier n'appartient pas à la famille paternelle du nouveau-né.

Par ailleurs, l'esclave et ses descendants portent les marques faciales de la famille de leur "propriétaire" ; de même, il arrive qu'une personne appose les tatouages de sa famille sur les joues du descendant d'un ami avec l'accord de ce dernier. Et cette dernière entorse à la règle générale, compte tenu de l'organisation patrilinéaire dans l'ethnie Yoruba peut se perpétuer dans les générations futures.

En général, un individu peut avoir plusieurs "Oriki" ; cela tient au fait que l'"Oriki" varie suivant la nature des liens de parenté existant entre la personne qui adresse les salutations et l'individu à l'intention duquel l'"Oriki" est prononcé. Ainsi, une mère s'adressant à son enfant utilise, les termes de l'"Oriki" à sa famille à elle. De même le père et toutes personnes du lignage paternel se servent de l'"Oriki" de leur lignage pour adresser des salutations au même enfant. Dans le cadre de cette enquête, nous avons retenu seulement les "Oriki" propres au lignage" paternel.

Après cette tentative de définition de l'"Oriki" et de ses principales caractéristiques, nous allons aborder un autre aspect de ce problème qui a trait à l'origine des Yoruba.

En général, on sait que les Yoruba, descendants du légendaire personnage dénommé "Oduduwa", sont originaires du Nigeria. Mais à notre grande surprise, nous avons constaté que beaucoup de personnes de cette ethnie installée au Dahomey notamment les familles Yoruba de Porto-Novo ignorent elles-mêmes la localité du Nigeria d'où sont venus Ieurs ancêtres. On a souvent prétendu que la plupart des Yoruba sont venus d'Oyô, d'où le nom d' "Oyônou" communément attribué aux Yoruba de Porto-Novo. L'examen du contenu des "Oriki" des principales familles Yoruba de cette ville apporte un démenti catégorique à cette idée.

Signalons tout d'abord que le contenu d'un "Oriki" se rattache à une entité bien définie, caractéristique d'un "clan primaire" appelé "Onilê" ou "Orilê". C'est à travers cet attribut que l'on détermine l'origine réelle des individus dont elle constitue un élément commun. Nous avons pu recenser au cours de notre enquête plus d'une trentaine d' "Onilê" dont quelques-uns ne se trouvent pas représentés parmi les familles Yoruba de Porto-Novo.

Liste des "Orilé" et de leurs origines
OrilêOrigine
Layibadé (Makpo-Modji) Papo (banlieu de Oyô) 
Êgba (Majo-Majô) Abêotuta
OlôyêIgbeti
Omô ObaOyô 
OlôjêOyô 
Ijésha Owa
Elêsê (Onigo Ariyô) Oko
Ogogo (Makô Marê)Oyô 
OlôfaOfa 
Iré Mogun Iré
OlobaOyô
Olola (Jeni Agbe)?
Onikô (Majê Majo)Oyô
ImaduElêrin 
OnifêIfê
OlomuOmu
Onilôkô?
OpoIkirun
Ikoyi (Maté-Magbo)Ikoyi
OlogbinOyô
Omô lsêyinIseyin
ljêbuIjêbu
Moro Masho?
ObinjaTakpa
Mapo KutureHausa
Ara OjeOpetu
OrangunIla
AjejeIresa
IbadanIbadan
IkôléIkôlé
IlôrinIlôrin
Alaran?
IkirunIkirun
AjéroAjéro
OlupoIra
OlufonObulu
Les ancêtres de certaines familles Yoruba installées à Porto-Novo, sont venus au Dahomey après avoir transité par Oyô ou Ilorin.


Comment sont distribués ses principaux "Orilê" parmi les grandes familles Yoruba de Porto-Novo ?

Notons que deux "Orilê" de loin les plus importants couvrent un grand nombre de familles Yoruba à Porto-Novo ; ce sont : Layibadé communément connu sous l'appellation de Mapo-Moji et Majo-Majô, supposés être des Êgba.

1. LAYIBADE

Traditionnellement, les "Layibadé" ou Mapo-Moji sont considérés comme les premiers Yoruba installés à Porto-Novo. Ils portent en principe six cicatrices faciales dont trois horizontales et trois, verticales ou huit horizontales. Mais toutes Ies variations qu'on peut noter ne résultent d'aucune règle stricte. La pratique des cicatrices faciales a été d'ailleurs abandonnée par les Mapo-Moji et la plupart des Yoruba depuis fort longtemps, bien avant l'institution de la nouvelle réglementation interdisant cette coutume.

Les ancêtres des Mapo-Moji sont Agbanrin et Aké qui, selon certaines sources ne sont pas frères. Ils sont originaires de Ipapo (banlieue d'Oyô).

Agbanrin et Aké seraient venus à Porto-Novo, à la même époque que les nommés Afanja, Boro (ômô ôba) et Olalêmi (ôgô ômô ôba) en vue de rendre visite à la première personne d'ethnie Yoruba installée au Dahomey la nommée Abêsan, une prêtresse esclave ayant "échoué" à Porto-Novo par la guerre. Abêsan, à la suite de couches mystérieuses aurait donné naissance le même jour à neuf enfants dont quatre garçons et cinq filles.

A son arrivée à Porto-Novo, elle fut installée à l'emplacement que l'on reconnaît être l'actuel quartier de Okôrô où coule aujourd'hui un marigot, dédié à la mémoire de cette première Yoruba installée à Ajashê…

De nos jours, les Layibade ou Mapo-Moji se répartissent dans trois quartiers presque contigus : Fièkomè où se trouvent les descendants d'Agbanrin, Lokossa et Adomey qu'occupent ceux d'Aké. A leur arrivée à "Hôgbonoù" Agbanrin et Aké, s'étaient installés à Fièkomey. Au cours du voyage qu'il effectuait à Porto-Novo en compagnie d'Agbanrin, Aké eut un fils nommé Adétôna qui plus tard devait élire résidence à Lokossa où naquit de lui, le nommé lbikunlé. Après la naissance de ce dernier, Adétôna vint à nouveau se fixer à Adomey où il eut un autre enfant nommé Laguidé.

On retrouve également à Adomey, aujourd'hui, les descendants de Adégbitê, jeune frère de Oluwo et parent de Adétôna. Ceux-ci se rattachent également au lignage des Mapo-Moji. Enfin, notons qu'un foyer de Mapo Moji se trouve localisé au quartier Gbassou-Komè (Ita-Koto) ; ce sont les descendants de Adéchina (Oshé leni bi Ojo) qui à la suite de discordes avec ses neveux quitta Adomey pour s'installer à Wêzounmè. Il devient plus tard l'Oluwo. Très riche, il acheta beaucoup d'esclaves qui aujourd'hui, sont considérés dans certains milieux comme des Mapo-Moji.

2. MAJO-MAJO (ÉGBA)

Le deuxième "Orilê" également de loin de plus répandu dans les familles Yoruba de Porto-Novo est celui des Majo-Majô,, qui selon certaines sources autorisées serait "Êgba", originaire d'Abêokuta. Le foyer initial des Majo est au quartier Fila et s'est étendu à la famille Badarou Pèlè. Aujourd'hui, on regroupe sous cet Oriki un grand nombre de familles réparties dans les quartiers suivants -: Zèbou (Zèbou-Kpota, Zèbou-Agah notamment la famille du feu El-Hadj Imorou Tidjani Adjao), le quartier Sadognon (famille Lassissi Gbadamassi, famille du feu El-Hadj Chitou),. le quartier Adomey Oké-Lokossa, (famille de Sadikou Ola Biwonnou).

3. OLOYÊ ou MAPO-OJI

Les origines de cet "Orilê" se situent à Oyô et Gbêti. La principale famille porto-novienne saluée par cet "Oriki" est celle de "Olushi" au quartier Kpota. Les "Olôyê" se retrouvent également au quartier Ayéôba (Okélana), au quartier Oja Êru, à Agbokomey, la famille Baba Shango de Zèbou-Massè relève également de cet "Orilê".

Mais il y a litige en ce qui concerne l'attribution de l' "Oriki" de Olôyê à la famille Olalêyê Agbantou. En effet, certaines sources affirment que, le feu Olalêyê Agbantou dont l'"Oju Ori" c'est-à-dire le principal foyer originel à Porto-Novo se situe au quartier Tôgo (Kaêchin), devrait être rattaché au lignage de "Olôfa". Une discussion reste ouverte sur ce point.

4. OMO OBA OYÔ

Cet "Orilê" également appelé Omô Gboluwadje a pour principaux représentants à Porto-Novo les familles Paraïso, Balley et Damala, Imam Adjilèyè apparenté à la famille Bouraïma du quartier Hassou.

Les descendants des grandes familles porto-noviennes se rattachant à cet "Onilê" sont les nommés Afanja, l'un des premiers Yoruba venus au Dahomey ,environ à la même époque que Agbanrin (Olayibade), Boro et Olalemi.

5. OLOJÊ

La famille de Akanni Agbo du quartier Fila est unanimement reconnue comme la principale souche "Olôjê" à laquelle se rattache la famille parente du quartier Oja Êru (famille de Latif Titus).

La tradition attribue également, sans les y rattacher, l' "Oriki" de cet "Orilê" à tous l'es joueurs de tam-tam dit "gangan". Il existe également au quartier Lokossa et à Kpokomey un petit foyer Olojê (famille Gbadamassi).

6. IJESHA OU MARO-MAPÉ

Le principal foyer des Ijêsha que certains désignent sous l'appellation de Marô-Mape se situe au quartier Itèkpolou-Yoruba, leur ancêtre est Lawore Alawoki, prédécesseur de Adegbindin auquel a succédé Lawore, lui-même déjà décédé ; il semble que le représentant actuel de cette famille est Salami Igué. On retrouve parmi les ljêsha certaines familles "Goun-Yoruba" de Porto-Novo, notamment la famille Hanna du quartier Kandévié Alôbatin à Porto-Novo.

Cet "Orîlê" est également représenté par la famille Salou Ogoun du quartier Itagogo, et d'autres petits foyers très dispersés d'ailleurs ; notamment la famille de El-Hadj Séfou dont les ancêtres seraient fixés à Adjarra (banlieue de Porto-Novo) et dont on retrouve certains éléments au quartier Gbassou-Komey.


7. ONIGO ARIYO OU ELESE

Onilê dont l'origine se situe à Oko, Elêsê encore connu sous l'appellation de Onigo Ariyô est notamment représenté parmi les Yoruba de Porto-Novo par la famille Abêwô dont le foyer principal est au quartier Fièkomey. On retrouve de nos jours des membres de cette famille au quartier Itatiguiri (Baba Doudou), et à Déguè-Gare.

8. OGOGO OU MAKO-MARE

Les "Ogoggo" connus surtout sous le nom de Makô-Marê paraissent constituer de grandes familles qui d'ailleurs ne se reconnaissent aucune sorte de lien, contrairement à ce qu'on retrouve parmi les autres "Orilê" représentés à Porto-Novo, Il est bien vrai que ceci n'a rien d'étonnant eu égard au fait que notre critère de détermination est l' "Orilê" (ancêtre originel commun).

On peut d'ailleurs trouver une explication a cela. Les Makô-Marê sont représentés par les familles dont les foyers principaux à Porto-Novo sont nettement distincts. Trois familles Yoruba de Porto-Novo sont saluées par l'Oriki de Makô-Marê:

- La famille Yaya Oye du quartier Wèzounmè ;
- La famille Amushan dont le chef est Odunbaku, actuel "Alagba" du culte Egun de Porto-Novo ; venue d'Adjarra, cette famille s'est établie au quartier Adomey ;
- La famille Dine du quartier Adjégounlè paraît d'ailleurs de loin la plus représentative des IMakô-Marê.

9. OLOFA

Comme nous l'avons mentionné plus haut, la famille Lalêyê de l'avis de certaines sources autorisées relève de cet Orilê. Il en est de même de la famille Alao Fary.

10. IREMOGUN

Orilê essentiellement représenté à Porto-Novo par la famille Fagbohoun du quartier Zèbou Abèrèwô. La famille Sayi dont l'origine Yoruba n'est pas encore mise en lumière, a conservé cependant le principal attribut de cet "Onilê", le métier du fer. La famille Sayi dont le foyer principal est à Aglansa exerce traditionnellement la profession de forgeron ou de ferblantier. Les "Ire Mogun" sont les adeptes du "Gou", divinité du fer.

L'autel de cette divinité est au quartier Goukomey. Notons par ailleurs que l' "Oriki" Ire Mogun s'applique également par tradition à tous les travailleurs du fer sans que ceux-ci aient effectivement quelque attribut originel de cet "Orilê". En est-il ainsi de la famille Sayi ?

11. OLOBA

Olubêgo, originaire d'Oyô, d'une extension restreinte, est représenté par deux familles, celle des Lala et celle des Adebinpe qui sont d'ailleurs des frères nous dit-on. On les retrouve aujourd'hui au quartier Madourou Ôja Êlêgba. Leur foyer originel se situe au quartier Hlinkomey.

12. OLOLA OU JENI AGBE
La famille "Akin Ocho" de Idi Obô représente cet Orilê à Porto-Novo.

13. ONIKO OU MAJE MOJÔ

Onikô est essentiellement représenté à Porto-Novo par la famille Boussari du quartier Agbokomey dont on retrouve un important foyer secondaire à Ahouantikomè (famille Ala).

14. IMADU OU ELERIN

L' "Oriki" de cet "Orilê" s'adresse principalement, à deux familles porto-noviennes : la famille Akanni du quartier Zèbou-Aga et la famille Onifadé de Adankomey. Comme on peut le constater, les membres de ce deux familles portent des marques faciales totalement différentes. Cette constatation corrobore l'une des remarques mentionnée au
début de cet article à savoir qu'il est difficile de se servir uniquement des marques faciales pour déterminer l'origine "clanique" des Yoruba.

15. ILEFE

La famille Faladé fixée au quartier Ouinlinda, représente cette souche à Porto-Novo- Il est très vraisemblable qu'il existe d'autres foyers "Onifê" que nous n'avions pu recenser.

16. OLOMU

La famille Ibitochô de Kpokômè et celle de Moustafa Êyêba de Sokômè représentent cet "Orilê".

17. ONILOKO

Onilê qu'il ne convient pas de confondre avec Onikô (famille Boussari) déjà mentionné est représenté par la famille Jêgêdê du quartier Zèbou-Agah une famille assez bien connue.

18. OPO

"Opo" regroupe deux grandes familles, celle de Affoyon du quartier Tatiguiri et la famille da Matha du quartier Wèzounmè.

19. IKOYI

Ikoyi ou Maté Magbo est l' "Orilê" dont les "Oriki" couvrent la famille Abassi du quartier Tatiguiri, la famille Egounléti du quartier Zèbou et la famille Maladé du quartier Zèbou-Kpota.

20. OLOGBIN


On retrouve sous la barrière de cet Orilê, la famille Osséni du quartier Donikin.


SHANGO (Encadré)

Shango, originaire d'Oyô, a été chassé de cette localité par Gbanka, rival de Timi. On raconte que sous le règne de Shango à Oyô vivaient deux éléments irréductibles et puissants, Gbanka et Timi, que Shango décida d'envoyer à une série d'expéditions dans l'espoir qu'ils se feraient tuer en guerre. Hélas, il n'en fut rien, Gbanka et Timi, revenaient toujours victorieux. On sait que Shango, qui se manifeste sous forme de foudre a également pour attribut le feu qu'il crache d'ailleurs de sa bouche pour terroriser ses sujets. Le puissant Gbanka, après avoir réussi à éloigner son principal rival Timi qui alla se fixer à Edê, fit une redoutable démonstration à la population d'Oyô. Pour ce faire, il rassembla un tas de matières combustibles sous lequel il se coucha et demanda qu'on le brûlât vif. Grand fut l'étonnement des Yoruba d'Oyô, lorsque après que le feu ait tout dévoré, on retrouva. sain et sauf Gbanka qui venait ainsi de démontrer à tous qu'il détenait un pouvoir de résistance au feu plus grand' que celui, de Shangô, roi d'Oyô.

C'est alors que Gbanka donna un délai de cinq jours à Shango pour quitter Oyô et se rendre au pays de sa mère, en terre "Tapa". C'est aussi pour cette raison d'ailleurs que les adeptes de "Shango" ne doivent pas, lorsqu'ils se réunissent pour déterminer la date de commencement des cérémonies en l'honneur de cette divinité, fixer un délai qui excède cinq jours.

Donc, lorsque arriva le cinquième jour fixé par Gbanka, Shango se retira dans la banlieue d'Oyô en compagnie de quelques amis qui d'ailleurs l'abandonnèrent vite, et de sa femme préférée Oya.

Pris de désespoir et se sentant seul, il se pendit à la tombée de la nuit. La nouvelle fut vite répandue dans la ville d'Oyô par les personnes qui revenaient du marché le soir. Tous les anciens sujets de Shango accoururent de tous côtés ; étonnés de cette nouvelle, ils cherchèrent à démentir le fait en disant : "Olukoso", (le roi ne s'est pas pendu). On a depuis lors conservé à cette localité de la banlieue d'Oyô devenue historique le nom de "Olukoso" ou "Koso" et par extension aux endroits où se trouve en pays Yoruba, un autel de Shango. La divinité "Shango" fut introduite à Porto-Novo par le nommé Ojo ancêtre de la famille Oloye de Zèbou-Massè.

Aujourd'hui, il n'existe plus d'adeptes de Shango dans cette famille déjà islamisée. Cependant une famille Yoruba-Goun de Porto-Novo (la famille Idohou) qui semble-t-il n'avait aucun lien originel avec Shango détient de nos jours la responsabilité de l'autel de cette divinité.

N.B. - Shango à proprement parler n'est pas un Orilê ; il fut l'un des rois d'Oyô. Il est donc "Omô ôba".

21. OMO ISEYIN

Ce sont les originaires d' "Isêyin". Nous retrouvons sous cette appellation une famille dont le foyer principal est à Bagoro, celle dont l'actuel chef est le nommé Lawani El-Hadj Sani, une vieille notabilité de Porto-Novo, communément connue sous le nom de Ajao Olumata du quartier Bagoro-Fila. Le nommé Salou, ancêtre de cette famille, à son arrivée à Porto-Novo, s'est d'abord établi, au quartier Guévié ; mais il ne semble pas qu'il y ait fondé un foyer puisqu'on n'y retrouve aucun de ses descendants. Ce fut donc par la suite qu'il s'installa à Bagoro, d'ailleurs en compagnie du "fondateur" des actuelles familles Sounkere et El-Hadj Bouraïma, ce dernier, l'un des premiers musulmans de Porto-Novo à avoir accompli le pélerinage à la Mecque est encore en vie.

De Salou, naquit Bouraïma (ce n'est pas celui qui vient d'être cité) qui ,eut plusieurs enfants dont Akadiri, Lawani, Osanda, Rebija et Badarou.

Les ancêtres de cet "Orilê" sont considérés comme les adeptes du culte "Oro" d'ailleurs au même titre que les Êgba. Il suffit pour S'en convaincre d'analyser le contenu des "Oriki" respectifs de ces deux "Orilê". En effet, on y retrouve plusieurs passages qui se recoupent.

Êgba et Isêyin auraient-ils un ancêtre commun ? Certains le pensent.

Notons par ailleurs que la famille Salou du quartier Bagoro a eu, nous dit-on, quelques liens mal définis avec les Jeni Agbe (cf lya Oni gba nla) famille Akin Ocho, du quartier Idi Obô. En effet, on retrouve à tort d'ailleurs, dans l'oriki de la famille Salou, des termes propres aux "Jeni Agbe" ; notamment l'appellation de Mapo-Mossi" traditionnellement réservée au Jeni Agbe.

On constate cette forme d'assimilation dans un grand nombre de familles Yoruba de Porto-Novo.

22. MAPO BATURE, MAPO KUTURE


Cet "Orilê" est d'origine Haoussa. Il regroupe aujourd'hui un certain nombre de familles assez vastes entre lesquelles il n'existe aucune sorte de lien ; ce sont :

- La famille Adjibadé du quartier Wèzounmè ; son ancêtre est Orekan (Balogoun) général Yoruba qui dirigea la guerre contre l'armée Ègba sous le règne de Dè-Mèkpon. Les Yoruba rentrèrent victorieux à Porto-Novo en chantant:

Êgba salô awa lapa akodudu loju ina
Êgba salô agira lapa ogogo ni fila.
Êgba salô ti ôwô ba t'Êgba a'ke hêri

- La famille Osséni, dont le foyer originel se situe au quartier Idioro, s'est établie de nos jours à Sadognon.
- La famille Lawani du quartier Déguè Idiaraba dont l'actuel chef est le nommé Yessoufou Baba Oni Fila.

Notons par ailleurs que cette famille s'est étendue ces dernières années à celle du feu El-Hadj Afolabi Alao du quartier Idioro. Nous ignorons d'ailleurs les raisons qui ont motivé cette extension. La famille du feu Afolabi Alao, est traditionnellement rattachée à celle de Ibitocho dont l'orilè est "Olomu".
- La famille Emmanuel, famille d'origine portugaise, du quartier Itagogo, relève aussi de cet "Orilê".

23. OBINJA

C'est l' "Orilê" des "Tapa" dont le foyer originel ancestral n'est pas situé en terre Yoruba. De même que le "Engun" est un des cultes Yoruba, le "Gunuko" ou "Gunu" est le principal culte Tapa.

L' "Oriki" de cet "Orilê" s'applique à trois familles bien connues à Porto-Novo :

- La famille Soumanou Gomez, ancienne famille d'origine portugaise dont le foyer principal est au quartier Atakpamè. De toutes les familles Tapa de Porto-Novo, elle a été reconnue comme la seule détenant un autel du culte "Gunuko" ;

- La famille Abiôla, famille Tapa dont l'ancêtre serait venu au culte "Egun" compte tenu des exigences de Ifa. Cette famille s'est établie à Adomè ;

- La famille Tapa du quartier Attakè.

Notons également que certaines sources déclarent que la famille du feu El-Hadj Sanoussi du quartier Djakomè relèverait de cet "Orilê".

24. IJEBU

Un grand nombre de familles Yoruba n'ayant entre elles aucun lien se retrouvent sous la bannière de cet "Orilê" ; ce sont notamment :

- La famille Oguebule (Ijêbu Ode) du quartier Ahouantikomê, seule, semble notoirement la plus représentative de cet "Onilê".

Mais il existe également d'autres importants foyers qui se rattachent à cette source ; ce sont notamment :

- La famille Adjibi à laquelle est apparentée une importante famille Goun (Zounon). Les Adjibi qui ont leur foyer principal à Guévié sont encore appelés "Omô Morohunfolu" expression qui, à juste titre peut conduire à les ranger sous le titre de "Olalômi" ou "Ola". Cette famille dont l'ancêtre descend du roi "Awujale d'Ijebu" a aujourd'hui à sa tête M. Amzat Bouraîma Madjebi, un des notables de Porto-Novo. Elle est saluée par l'oriki de "Modun Njaro".

- La famille Modun Njaro famille de Imam Moukhtar du quartier Sokomè ;

Un groupe de deux familles dont le foyer principal se situe à ltèkpolu Imalé (famille d'El-Hadji Tiamiou Alaga notamment) a selon certaines sources dignes de foi une origine "Ijebu".

On affirme également sans aucune précision que la famille de El-Hadj Aminou Tawakalitou, l'actuel Sériki de la communauté Musulmane de Porto-Novo, parent du feu Imam Bello devrait appartenir à cet "Orilê".

Cette famille est saluée, semble-t-il, sous l' "Oriki" de "Modun Mêrin".

25. MORO-MASHO
Nous avons retrouvé sous le sigle de cet Oriki un certain nombre de familles, notamment :

- Celle de Baba Tade Abdoulaye du quartier Itatôgônou ;
- Celle de Kôssôkô du quartier Ogan'la ;
- Enfin une famille dont le foyer principal se situe au quartier Ayantèdo. Notons que c'est dans cette dernière famille que se recrutent traditionnellement à Porto-Novo les batteurs de tam-tam dit "gangan".

Nous n'avons pas pu définir l' "Orilê" auquel pourrait se rattacher la souche "Moro-Masho".

Nous venons de passer rapidement en revue les quelques "Orilê" représentés parmi les familles Yoruba de Porto-Novo. Certains "Onilê" parmi lesquels Orangun, Ajeje, Ikirun, Ajero, Olupo, Olufôn, Ara Oje, Alaran, etc., ne semblent pas exister ici ; si nous n'avons rencontré au cours de notre enquête aucune famille à laquelle on pourrait attribuer ces "Oriki", il est cependant possible que des personnes isolées, c'est-à-dire, n'ayant pas à Porto-Novo une famille étendue ou un foyer familial anciennement établi (ibudo) peuvent prétendre représenter ces "Orilê".

De cette étude qui demeure encore très générale dans son objet et dans sa méthodologie se dégagent certaines constatations, caractéristiques de nombreuses familles Yoruba de Porto-Novo, à savoir :

- L'existence de liens plus ou moins solides unissant un grand nombre de familles entre elles ; ces liens en général, établis de vieille date, se traduisent dans la pratique par une forme d'assistance mutuelle surtout pendant ces multiples cérémonies qui marquent la vie quotidienne des Yoruba de Porto-Novo, et très souvent par une forme d'assimilation dans les "Oriki" ; ce qui a d'ailleurs constitué pour nous une certaine source de difficultés dans nos démarches d'identification. Nous avons cité comme exemple le cas de la famille Salou de Bagoro, originaire de Isêyin, à laquelle s'applique aujourd'hui à tort l'appellation de "Makpo-Mossi", Oriki qu'on attribue traditionnellement dans certains milieux aux "Jeni Agbe" dont l'"Orilê" est "Olôla". Nous avons tenté de fournir une à cette forme d'assimilation, qui d'ailleurs n'existe réellement que sur le plan d' "Oriki", par une certaine présence de liens amicaux assez lâches anciennement établis entre ces deux grandes familles ; il nous est aussi apparu au cours de notre enquête que la même famille précitée a des liens analogues avec un petit foyer de "Makô-Marê" du quartier Tatigri L'explication que nous avons fournie demeure-t-elle toujours valable ? Quoiqu'il en soit, on doit poser le problème car il est d'importance compte tenu de l'existence de nombreux autres cas analogues.


- La deuxième constatation est qu'un nombre non négligeable de Yoruba de Porto-Novo pensent qu'il convient de réserver exclusivement l'appellation de Yoruba aux membres de la "souche" ou à d'autres personnes de la même ethnie ayant des tatouages similaires. Les éléments Yoruba qui tiennent ce raisonnement s'attribuent le titre de "Imalé", ce que les Gouns de Porto-Novo désignent sous l'appellation de "Malénou", c'est-à-dire le Musulman.

C'est là une erreur assez grave que commettent beaucoup de gens. Mais cette situation semble résulter d'une série d'événements. Comme nous l'avons signalé au début de cette étude, les avis concordent généralement que les ancêtres des "Mapo-Moji" semblent être les premiers Yoruba établis à Porto-Novo. Après la conquête de Ajashê-llé par Tè-Agbanlin, les premiers nouveaux éléments Yoruba venus du Nigéria étaient des animistes, car selon Paul Marty, "l'origine toute première de la communauté musulmane remonte à Dè-Tognon. père de Dè Mèkpon et prédécesseur de Dè-Sodji" : et le premier Imam Djamiou de cette localité, un Haoussa (Séïdou) fut désigné vers 1850 seulement.

Aussi, a-t-on toujours conservé l'appellation de "Yoruba" aux Mapo Moji, celle de "Imalé" à tous les autres éléments en général Musulmans de la même ethnie. Cela tient-il aussi au fait que la "Souche" Mapo-Moji semble être l'un des principaux foyers Yoruba de Porto-Novo comprenant en son sein un nombre assez important d'éléments de confession non musulmane ?

Quoiqu'il en soit, c'est une erreur ou une confusion assez grave qu'il convient de souligner, laquelle erreur d'ailleurs se reproduit fréquemment lorsque dans les mêmes milieux on établit une différence entre le Yoruba et le Nago.

Le problème est alors de savoir s'il existe réellement une différence d'origine et d'ethnie entre les personnes que l'on désigne ici sous des appellations différentes de "Yoruba" , "Nago" et "Imalé".

Le terme "Imalé" désigne une, personne qui pratique la religion islamique ; il définit donc une confession -et non une ethnie ; aussi, le Fon, le Goun ou le Yoruba professant la foi islamique est appelé "Imalé" ou "Malènou". C'est donc une grave erreur que commettent certains "Yoruba" qui, du fait qu'ils sont musulmans, renoncent en quelque sorte à leur appartenance à l'ethnie Yoruba qui témoigne leur origine.

Certes, il est évident que les premiers Yoruba notamment les ancêtres de Mapo-Moji établis à Porto-Novo après Tè-Agbanlin, étaient animistes. Mais, on ne doit pas perdre de vue que l'animisme (Orisha) au même titre que l'Islamisme est une religion. La seule différence est que celui-là relève du polythéisme, et celui-ci du monothéisme. Le terme "Yoruba" indique une origine, c'est-à-dire un état permanent qu'on ne peut renier, tandis que les termes "abô orisha" (animiste) et "Imalé" (musulman) désignent des cultes comme tels un état sujet à des changements possibles.

Par ailleurs, cette confusion entre le "Yoruba" et le Musulman qui remonte à une époque lointaine se retrouve à différents niveaux notamment quand on cherche à déterminer l'époque d'introduction de l'Islam à Porto-Novo, ou celle de l'établissement des premiers Yoruba dans cette cité. C'est ainsi que dans leur ouvrage d'une valeur documentaire indiscutable (Contribution à l'Etude de l'Ancien Royaume de Porto-Novo), MM. Akindélé et Aguessy font remonter l'apparition de l'Islam en terre porto-novienne à Dè-Ayikpé (1775-1783) alors que Paul Marty comme nous l'avons mentionné plus haut souligne que la toute première apparition de cette religion remonte seulement à Dè-Tognon (1828-1836). MM. Akindélé et Aguessy notent également que l'islam fut introduit par les premiers Yoruba sous l'impulsion, disent-ils de "leur chef Adéchina assisté de son neveu Agbanlin". Paul Marty pense que les agents de l'avènement de cette religion dans le royaume de Porto-Novo sont les Yoruba et les Haoussa, sans d'ailleurs préciser s'il s'agissait des premiers Yoruba. Le problème qui se pose est donc le suivant : l'Islam fut-il importé à Porto-Novo par les premiers Yoruba, ce qui laisserait supposer que ces premiers Yoruba étaient des Musulmans avant leur établissement en terre Porto-Novienne. Ou bien comme on peut le déduire de la thèse de Paul Marty, l'apparition de cette religion est postérieure à l'établissement des Yoruba. Les données que nous avons recueillies au cours de notre enquête nous incitent à soutenir cette dernière thèse celle de Paul Marty). En effet, il est notoirement reconnu que les premiers Yoruba venus à Porto-Novo après l'invasion de Tè-Agbanlin, incontestablement les ancêtres des "Mapo-Moji" (Adéchina, Aké et Agbanrin), étaient animistes et vraisemblablement l'ont été leur vie durant. Il est aussi vraisemblable qu'une partie de leurs descendants directs n'ont pas embrassé l'Islam ; ce qui a pu déterminer les premiers musulmans de Porto-Novo, (en général venus de Ilôrin) à réserver l'appellation de Yoruba aux membres de la "Souche." Mapo-Modji qui, autrefois, étaient en majorité des animistes.

La première famille Yoruba de confession musulmane de Porto-Novo notoirement connue est celle de Bawala, père du feu Imam Saroukou et dont l'ancêtre est le nommé Djinadou, ce dernier introduisit le Koran dans cette ville et y construisit la première mosquée au quartier Tôgô. Cet édifice religieux fut placé sous l'autorité de l'Imam Djitori, également originaire d'Ilôrin.

Cette famille aujourd'hui saluée par l'Oriki de "lja Makôya, ômô shiru" a des foyers secondaires à Attakè Sokomè, et leur "ibudo" ou foyer principal à Wèzounmè. Elle a, nous dit-on, une origine Peulh ou "Foulani".

Yoruba ou Nago sont-ils d'une même origine ?

Dans certains milieux, on admet sans difficulté que Yoruba et Nago sont non seulement d'une même ethnie, mais aussi les deux termes sont synonymes. D'autres personnes, par contre, tout en reconnaissant que Yoruba et Nago sont venus du Nigéria, estiment qu'il s'agit de deux ethnies différentes. C'est une erreur. En effet, les Nago, les Holli sont aussi des Yoruba au même titre que ceux qu'on désigne sous appellation de "Ogbomoshô", "Êgba", "Ilôrin" et "Ijêbu".

Les Nago ou Yoruba, premiers occupants des terres de Porto-Novo

L'étude historique de Porto-Novo fait ressortir qu'avant l'arrivée de Tè-Agbanlin en 1684, ce pays était sous l'autorité de Chefs Nago ou Yoruba installés dans les régions d'Okôrô (aujourd'hui Aklon) et Ijachèilé (aujourd'hui Jassin) dont la jonction plus tard devait donner naissance à Hôgbonou.


Divers auteurs, notamment Aguessy et Akindélé (cf Contribution à l'étude de l'ancien royaume de Porto-Novo, op. déjà cité) et Charles Koukoui (Comment les Gounnous sont devenus les tenanciers du sol à Porto-Novo), ont retracé dans leur ouvrage l'éviction par le prince fugitif Tè-Agbanlin des Chefs Yoruba, premières autorités établies dans le pays auquel le Portugais de Campos devrait donner plus tard le nom de Porto-Novo (1752).

Nous reproduisons en annexe l'étude de Charles Koukoui, administrateur ancien sous-préfet de Porto-Novo. En effet, ce petit mémoire par sa clarté, sa concision et les sources auxquelles se réfère l'auteur constituent une contribution appréciable à l'étude de l'histoire de Porto-Novo.
En conclusion

Comme nous l'avons signalé dès le premier chapitre, cette étude se veut générale. Loin de chercher à épuiser un problème aussi complexe, présentant de multiples aspects, nous voulons tout simplement ici indiquer une voie, faire les premiers pas dans un domaine encore peu exploré, une source d'où peut jaillir des enseignements capables d'enrichir notre patrimoine culturel.

A peine avons-nous achevé la rédaction des derniers chapitres de cette publication que nous constatons que le travail que nous venons d'accomplir comporte des imperfections, Mais notre objectif n'est pas d'atteindre la perfection en un seul jour, et nous n'avons nullement la prétention de présenter une oeuvre d'érudit. Notre but est surtout d'éveiller l'attention de l'opinion sur un problème trop longtemps ignoré et dont l'étude peut permettre de mettre en lumière de nouveaux aspects du notre patrimoine socio-culturel.

Enfin, devons-nous encore souligner que cette étude tend aussi à illustrer une méthode d'enquête, et à esquisser un appel à la collaboration de tous ceux qui, à divers échelons, cherchent à apporter leur contribution à une meilleure connaissance de notre passé historique et à tous ceux qui estiment que notre enrichissement par les enseignements que nous pouvons tirer de ce domaine culturel constituent l'un des matériaux indispensables à la définition de cette "voie africaine" de promotion humaine dont nous portons tous la charge et partagerons la grandeur.

Le sens de cette publication étant précisé, il nous reste à exprimer ici nos vifs remerciements à tous ceux qui, à des titres divers, notables, chefs de collectivités familiales, notamment M. Amzat Madjèbi, Alfa Alimi Ichôla, le vieux Mama, nous ont apporté leur concours. Nous exprimons particulièrement notre entière gratitude à M. Mouftaou Adéléké, à qui nous devons beaucoup de choses dans ce mémoire, notamment la pénible tâche de mise au point des "Oriki".

Pour tous, cette publication sera la récompense d'un effort commun, que consacre un travail certes imparfait, mais qui ouvre assurément la voie à de futurs succès.

jeudi 7 juillet 2016

Exú Elegbara

Eshu, Exú, est un esprit (Orisha) d'origine africaine, issu des traditions religieuse des Yorubas. Il est l’orixá central du candomblé brésilien, que l'on retrouve dans le vaudou sous le nom de Papa Legba. Il est connu sous les noms de : Exu, Esu, Eshu, Bara, Legbá, Elegbara, Eleggua, Aluvaiá, Bombo Njila, Pambu Njila. On le retrouve au Bénin et dans l'ancien royaume du Dahomey dans les villes suivantes : Ondo, Ilesa, Ijebu, Abeokuta, Ekiti, Lagos.

Il est, en Afrique, et aux Caraïbes comme au Brésil, l'esprit de la communication. C'est le gardien des terrains, des villes, des maisons et de l'axé, des choses construites de la main de l'homme, et de son comportement. Il est celui qui doit recevoir les offrandes en premier lieu, de manière à s'assurer que tout aille bien, et que sa fonction de messager entre l'Orun et le Aiye, mondes matériel et spirituel, soit pleinement réalisée.

En Afrique à l'époque de la colonisation témoignant d'un formidable syncrétisme culturel, notamment linguistique (résultant dans la formation des divers créoles, dans les parlers vernaculaires des caraïbes et du Brésil, et nettement perceptible dans l'accent et le vocabulaire du portugais brésilien standard) et religieux (vaudous et candomblés), Exu fut maladroitement identifié au Diable des chrétiens par les colons, eu égards à son style irréverent, obscène et joueur, tel qu'il est représenté dans le culte africain, un phallus et une paire de cornes. L'association à Satan, criante pour certains, relèverait pour d'autres d'une véritable absurdité au vu de la mythologie Yoruba, laquelle ne définit pas ses personnages relativement à un demiurge idéal, et ne connaissant pas les notions de bien et de mal telles que les entend la culture morale européenne aux sens judéo-chrétien et grec. Il n'existe effectivement pas dans la tradition Yoruba d'entités essentiellement maléfiques répondant d'un unique être déchu. Il apparaît dans les croyances Yoruba ou Candomblé que les esprits (Orixas) ont chacun leur part de négativité et de positivité « comme tout un chacun ». L'objectif de cette identification par les missionnaires était cependant justement d'enseigner la morale chrétienne aux autochtones, quitte à renverser le sens de leur mythologie en désignant les attributs d'un de leurs dieux comme mauvais.







Pour plus d'information consulter notre page facebook: Omo Yoruba

mercredi 8 juin 2016

SUR LA ROUTE DES ESCLAVES DU BÉNIN À HAÏTI




Pour tous ceux qui veulent comprendre Haïti et la richesse de son histoire, l’occasion d’un voyage au Bénin permet d’appréhender le sort des esclaves envoyés depuis le royaume de Dahomey (Bénin actuel) dans les Caraïbes, leur culture et les rites qui perdurèrent de l’autre côté de l’Atlantique, comme le vaudou. C’est attirée par cette Histoire que je posais mon sac à dos à Ouidah, sur la côte béninoise, à 40 km à l’ouest de Cotonou.


Nous étions au mois de juin et l’année scolaire touchant à sa fin, les cars d’écoliers affluaient de tout le pays pour les habituelles visites historiques. Ouidah, ville autrefois négrière, est une étape obligatoire sur leur parcours. Le musée d’histoire et la Route des esclaves, mise en valeur avec l’aide de l’Unesco, sont propices aux éclairages historiques, dans un profond silence tant le parcours est poignant.


La Route des esclaves débute par sur la place des enchères, où les hommes et les femmes étaient rassemblés pour être vendus ou échangés. Ce marché fut organisé par le puissant roi d’Abomey, le roi Ghézo, gourmand en marchandises proposées par les colons français, anglais et portugais. Quand les prisonniers et les ennemis ne suffirent plus à faire face à la demande, il fit capturer beaucoup d’hommes et de femmes dans son propre royaume.


En sortant de la ville, les hommes tournaient neuf fois et les femmes sept fois autour de l’Arbre de l’Oubli, symbolisant l’état amnésique des esclaves devant oublier leur passé pour devenir des êtres sans volonté, et donc sans aucune velléité de rébellion. La case de Zomaï était l’étape suivante, où les esclaves étaient enfermés dans d’effroyables conditions et dans un noir total. Zomaï signifie sans feu ni lumière. Cet enfermement était destiné à ne garder que les esclaves les plus robustes, afin de les préparer à la traversée dans les cales des bateaux.


Le mémorial Zounbodji se dresse sur l’ancien cimetière des esclaves, où étaient ensevelis ceux qui n’avaient pas résisté à ces mauvais traitements. Des ossements et chaînes découverts lors d’une fouille de l’Unesco en 1992 sont visibles au musée d’histoire de Ouidah.


Contrairement à l’Arbre de l’Oubli, l’Arbre du Retour est resté intact depuis le XVIIe siècle. Les esclaves devaient en faire trois fois le tour pour retrouver leur mémoire. Aujourd’hui, des danses des revenants se pratiquent régulièrement autour de cet arbre sacré.


Le long de la Route, des bas-reliefs en retracent les étapes, et témoignent également de la lutte pour l’indépendance et l’abolition de l’esclavage. Haïti y est mis en avant avec deux faits majeurs :


– le pacte de Bois-Caïman, pacte d’origine vaudou conclu par les esclaves révoltés qui menèrent l’insurrection contre l’armée de Napoléon, dont la lutte se solda par l’indépendance d’Haïti en 1804 ;


– L’arrestation de Toussaint Louverture par l’armée du Général Charles Leclerc, transféré au Fort de Joux dans le Jura où il mourra en 1803.



La Route se termine sur la plage de Djegbadji où les esclaves étaient embarqués dans les bateaux pour Haïti, mais aussi Cuba et le Brésil. 20% d’entre eux allaient mourir durant la traversée.

La Porte du Non-Retour a été érigée en 1992 pour témoigner de cette ultime étape. Des fétiches se dressent de part en part de la Porte afin d’accueillir les esprits revenus sur leur terre, symbolisant le lien qui demeure entre l’Afrique et les pays où les esclaves furent envoyés.


La notion de retour est très forte au Bénin, et ne concerne pas uniquement les âmes des ancêtres. En attestent les «Brésiliens», surnom des descendants d’esclaves affranchis revenus en Afrique dès le XVIIIe siècle qui forment une solide communauté.


A l’évocation de mes liens avec Haïti, tous m’expliquèrent que les Béninois étaient majoritairement pour un droit au retour des Haïtiens qu’ils considèrent comme «leurs frères».

LES DIVINITES YORUBA

LES DIVINITES YORUBA



En raison de leur population importante en Afrique occidentale et leur grande dispersion par l'esclavage dans les Amériques, les Yoruba sont probablement la culture ethnique d’Afrique de l'Ouest la plus connue dans le monde. En Afrique, le Nigeria et la République du Bénin ont la plus grande concentration de l’ethnie Yoruba. Dans les Amériques, les influences culturelles Yoruba sont les plus marquées au Brésil, Cuba, Haïti, Jamaïque, Trinidad, Tobago et, en particulier dans les religions des masses, y compris Vaudou, Santeria, Camdomblé et Macumba, etc. En 1989, on a estimé que plus de soixante-dix millions de peuples africains et du Nouveau Monde pratiquaient une forme ou une autre de la religion yoruba.



Quelques Orishas

Olorun
Aussi appelé Olodumare, Olofin-Orun, Ogus, Oba-Ajiki
Il est le père du ciel et créateur de l’univers, parfois androgyne ou femelle. Dieu de la paix et de l’harmonie il contrôle tous ce qui est blanc. (nuages, les os..) Olorun signifierait « propriétaire de l’utérus arc-en-ciel », ce sui devrait être compris symboliquement comme le dépositaire de la somme des couleurs possibles, le blanc, qui sous l’action du prisme donne l’infinie multitude des couleurs. Olorun est le père d’Obatala lui-même père des Orishas, et de Odudua (Oduduwa) que nous avons déjà rencontré et qui serait l’ancêtre des rois yoruba.

Aganju
Aganju est le dieu des volcans et des déserts (Saint Christophe).Il serait le troisième Orisha apparu sur la terre il est associé avec Shango dont il serait ou le père ou le frère. Il est en relation avec l’épaule. Les autres attributions relèvent d’avantage du culte Lucumi en particulier la présence de l’Orisha dans le processus de germination, la production de richesse.

Babalu Aye
Connu sous le nom de Omulu, Shonponno, Obaluaye, Saktapa, il est le dieu de la maladie Il est le fils de Yemaja et Orungan. Il est aussi le dieu de la guérison et l’eau fraiche l’apaise. Dans la santéria il est syncrétisé par Saint-Lazare. Dans la mythologie du Dahomey il est le dieu de la variole. Aujourd’hui il est invoqué pour guérir le Sida. Ses couleurs sont le Bleu, le brun, le blanc, et ses offrandes sont faites de riz, de blé, de maïs, d’ognon d’ail, du poisson fumé

Yemaja
Yemaja, Ymoja, lemanja nan Borocom, lemanja Bomi, lemanja Boci en Afrique, Yemanja, lemanja ou Janaina au Brésil, la Sirène à Haïti, Yemalla, ou Yemana aux dans le voodoo de la Nouvelle Orléans, cette déesse est la mère des déesses, patronne des femmes enceintes. Son nom signifierait en yoruba « mère dont les enfants sont comme des poissions ». Elle est représentée comme une vieille femme habillée de noir et mauve liée à la boue, les marécages et la terre.

Eshu
Aussi appelé Elegua ou Elegba il est un des plus important Orisha. Il est le protecteur des voyageurs, dieu des routes et particulièrement des carrefours. Il est le maître du hasard apportant fortune ou infortune. Il personnifie la mort en temps que passeur d’âme. Toute cérémonie doit commencer par une offrande à Eshu au risque de la rendre improductive. Eshu est un maître sévère mais juste.

Shango
Sango Xango Shango Chango Jakuta.Un des Orishas les plus populaire. Dieu du tonnerre et de l’éclair il aurait été le troisième ou quatrième roi du royaume d’Oyo déifié à sa mort.

Ogun
Dans la mythologie yoruba Ogun était à l’origine un chasseur appelé Tobe Ode. Il aurait été le premier Orisha à descendre dans le royaume terrestre pour y trouver une habitation convenable pour abriter la vie humaine. Pour cette action il fut appelé Oriki « premier des Orishas à être venu sur terre » Il a été l’objet des premiers cultes yoruba dans une lieu nommé Ekiti, et aurait été enseveli dans un endroit nommé Ire-Ekiti (mais sans mourir). Il peut être agressif, peut aussi diriger la tête des femmes et des hommes efféminé dont il est amateur. Il est aussi lié au sang et est consulté lors de maladie du sang. Il apparaît sous de nombreux noms Ogun Alara, Ogun Elemona …

Ochosi
Oxossi, ochossi Oshossi Osawsi.Dieu de la forêt, il est chasseur et chaman. Il est aussi le dieu de ceux qui travaillent avec les animaux.

Obatala
Oxala, Orixala, Orisainla.Dieu créateur il fit le corps humain auquel son père Olorun insuffla la vie. Olorun créa l’univers, Obatala le monde et Oduduwa l’humanité. Il est le propriétaire de toutes les têtes. Il a créé les handicapés et en est devenu le patron. Les personnes nées avec une déficience sont appelées « eni orisa » littéralement, peuple d’Obatala. Il est le dieu du nord et est habillé en blanc.

Oya
Oia, Lansa est la déesse du Niger. Elle est la déesse du l’éclair, la fertilité la magie, des ouragans des tornades et garde le monde souterrain. Son nom complet est Oya-Yansan

D’autres Orishas

Nana Buluku-Nana déesse de la création, mère du vieux ciel et de l’esprit des marécages elle est associée à la lune.
Olokun-Gardien des profondeurs océanes, des abîmes il est le patron de la diaspora africaine
Ochumare- Serpent arc-en-ciel,dieu du mouvement et de l’activité, gardien des enfants et du cordon ombilical
Oshun- Déesse des rivières, de l’amour, de la beauté de la fertilité, amoureuse de Shango et bien aimée d’Ogun.
Ibeji- Orisha des jumeaux sacrés
Ozain- Orisha de la foret il possède le saint liquide fait de diverses herbes. Il est le gardien des herbes et des médecines naturelles.
Erinle- Orisha de la médecine, de la guérison et de la moisson.